Traces d’occupation #2 – Entretien avec le GEM Envol&Cie
Ils ont fait vivre le site pendant les deux ans d’occupation temporaire. Ils repartent chargés de souvenirs et d’anecdotes sur l’Autre Soie. Nous avons interrogé Adeline et Michael, adhérents et Anne-Claire, salariée du GEM Envol&Cie sur leur expérience de l’occupation temporaire du bâtiment patrimonial.
Comment avez-vous vécu votre arrivée et votre intégration au lieu ?
Michael : Je ne connaissais pas trop le GEM avant l’occupation temporaire, c’est ma mère qui m’a poussé à y aller. Et je me suis habitué rapidement.
Adeline : C’était super, j’ai beaucoup aimé le lieu.
Anne-Claire : C’était un petit peu mouvementé parce qu’on est arrivé dans un bâtiment qui n’était pas totalement en fonction et on avait pas tout le confort matériel. Avec les adhérents et le collectif Pourquoi pas ?!, nous nous sommes lancés dans deux grosses semaines de chantier pour aménager notre grande salle de 100m2. On a fait à cette occasion les deux fresques sur les murs et construit la cabane en bois pour rendre la pièce plus chaleureuse. On a dû s’installer rapidement pour que les adhérents reprennent leurs marques.
Que retenez-vous de votre position au sein des initiatives collectives de l’Autre Soie ?
Michael : Il y avait beaucoup de monde, j’étais très attaché à eux, et il y avait beaucoup de cafés (rires)
Anne-Claire : Je pense que le GEM était assez dynamique, moteur et en demande d’initiatives collectives. Comme on était installé à côté de la cuisine, tous les après-midis, avec les adhérents, on faisait du thé et du café pour la convivialité. On a beaucoup investi l’espace cuisine, c’était un lieu de partage. Les adhérents sont au cœur du projet et sont force de propositions. En plus, comme on est un collectif, un groupe, on avait déjà l’habitude de vivre ensemble.
Qu’est ce que l’OT vous a permis d’inventer qui n’aurait pas pu se faire en d’autres lieux ?
Anne-Claire : Le plus important pour le GEM c’est que les adhérents puissent se retrouver dans un espace avec d’autres personnes qui ne viennent pas forcément pour les mêmes raisons. Et c’était le cas dans l’occupation temporaire. Grâce à notre emplacement, les adhérents pouvaient déambuler sur le site et ainsi faire de belles rencontres.
Michael : J’ai pu faire de la peinture avec Patrick et repeindre le couloir de l’Autre Soie.
Quels sont les temps partagés qui vous ont le plus marqués durant l’OT et pourquoi ?
Anne-Claire : Les temps de petit-déjeuner ou autour des repas. C’était très convivial. L’été dernier aussi, quand il y avait les tables dans le parc, c’était agréable. On a beaucoup profité du parc avec les adhérents. On voyait les choses qui se déroulaient et il y avait plus de porosité entre la dynamique du GEM et ce qui se passait autour.
Qu’est ce que vous retiendrez à titre personnel de l’occupation temporaire ? Un souvenir à partager ?
M : Les rencontres. Je me suis fait plein de copains. La première fois j’étais stressé mais après s’est passé et maintenant j’ai plein de bons souvenirs.
Adeline : Les copines que j’ai rencontrées.
Anne-Claire : Personnellement, c’est la visite des lieux, de ce bâtiment abandonné. C’était super de s’imaginer tout ce qu’on pourrait faire, de se questionner sur l’histoire du lieu. Il y a vraiment eu ce moment au début où on s’est dit : “Wahou, c’est magnifique, comment on va l’aménager ?”
Selon vous, quels sont les ingrédients nécessaires pour une occupation temporaire réussie ?
Anne-Claire : Du temps, des espaces privés et collectifs, des rencontres, une bonne organisation.
De quelle manière pensez-vous avoir laissé votre trace dans le projet de l’Autre Soie ?
Anne-Claire : Je pense que le GEM a laissé une trace, par la problématique de la structure qui est l’accueil des adultes en situation d’isolement social dû à des troubles psychiques. Le handicap psychique est invisible, souvent peu connu. Donc ça a permis d’offrir une place à des personnes isolées socialement dans une occupation temporaire avec d’autres structures qui ont des problématiques très différentes, mais qui peuvent se rejoindre aussi. Il y a eu une sensibilisation et une déstigmatisation par le fait. Cela permet aux adhérent·es d’être moteurs du projet de notre association et du projet de l’Autre Soie, de prendre les décisions ensemble, de proposer des projets, d’avoir des opinions sur l’avenir du lieu…
Comment avez-vous vécu votre départ de l’Autre Soie ? Aviez-vous une attache pour ce lieu patrimonial ?
Michael : Je ne voulais pas du tout déménager. C’était plus grand et plus sympa. Mais ma seule préoccupation reste de parler aux adhérents, de les connaître, de faire de la peinture.
Adeline : Moi je préfère le nouveau lieu.
Anne-Claire : Les déménagements c’est toujours pénible (rires). On a déménagé dans un espace plus petit donc on appréhende toujours plus. C’est pas le même charme, mais on a toujours accès au parc donc symboliquement on est encore au même endroit.
Selon vous, dans quelle mesure ce temps court de l’occupation temporaire aura une influence sur vos projets à long terme ?
Anne-Claire : Comme dit le président de l’association, on s’appelle le GEM Envol et Compagnie et le fait qu’on ait déménagé plusieurs fois, c’est comme si on prenait notre envol, tels des oiseaux migrateurs. Ou maintenant on nous appelle le GEM à la roulotte (rires). Ce temps court d’occupation temporaire, c’était un sacré défi, on s’est dit qu’on pouvait le faire, et on l’a relevé haut la main, donc ça montre qu’on est une structure solide.
Michael : Ça m’a beaucoup apporté. C’est du changement mais il faut s’habituer.
Comment les transformations majeures (urbaines et sociales) du quartier vous ont-elles marqués et/ou impactés pendant l’occupation temporaire ?
Michael : J’ai pas trop vu de changement, sauf dans le parc. Halim a refait tout le jardin et a construit une cabane.
Anne-Claire : J’ai pas tellement été surprise parce que je connais le quartier depuis longtemps. La transformation du carrée de soie est très rapide et assez impressionnante.